Ils s'appellent Abdallah, Ahmou, Mohamed, Ramdane, Salah, Sebti, Tahar. Ils sont venus d'Algérie entre 1951 et 1971, seuls, pour travailler en France, et prévoyaient, un jour, de repartir au pays. Les années se sont écoulées, ils sont maintenant retraités et ils sont toujours là. Pendant toutes ces décennies, ils ont vécu un pied ici, un pied là-bas. Ils ont eu une vie de-va-et-vient. Certains n'ont été que des "pères-mandats", d'autres regrettent de ne pas avoir vu grandir leurs enfants. Ces hommes n'ont pas fait de regroupement familial, ils ne comptaient pas rester ici. L'attachement au pays d'accueil est devenu plus fort que celui de la terre natale même si elle reste, parfois, idéalisée. Ils ont migré d'une rive à l'autre de la Méditerranée sans mesurer vraiment la rupture que cela allait provoquer. Pas complètement d'ici, plus vraiment de là-bas, après une vie professionnelle décousue, une vie familiale déchirée, ils viennent finir leurs vieux jours à Marseille, seuls.